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Faillite SVB : quels sont les impacts sur les marchés financiers et les banques centrales ?

Faillite de la Silicon Valley Bank : quels vont être les impacts pour les marchés financiers et quelles décisions vont prendre les banques centrales ?

Quelles sont les conséquences de la faillite de la banque SVB ?

Après une journée noire, le lundi 13 mars, les marchés ont su réagir dès le lendemain avec une belle progression. Le CAC 40 a enchainé -3% et +2%, dans le jargon financier, la bourrasque n’a pas eu lieu, mais une belle rafale de vent a agité notre indice français. Certains vont penser que la « tempête » est passée, d’autres que le calme s’explique par notre présence dans l’œil du cyclone.

Il ne faut pas oublier que ce risque bancaire provient des États-Unis, qui dit États-Unis, dit appréciation exponentielle, surtout lorsqu’on évoque une faillite financière. Le CAC 40 étant relativement bancaire, il a réagi à la suite de deux facteurs : sa volatilité additionnée à l’accumulation récente de performance. Le scénario reste le même pour les marchés financiers, ils apprécient le risque, déterminent sa nature, quantifient son ampleur ainsi que son coût final. Dans ce cas précis, il semble que la contagion n’existe pas vraiment.

Les comparaisons avec Lehman Brothers sont vides de sens. Les crises de la Silicon Valley Bank (SVB) et de l’ancienne grande banque américaine déchue en 2008 sont fondées sur des scénarios diamétralement opposés. Le scénario de crise est à écarter pour le secteur financier. Les banques sont un vrai sujet. C’est pourtant l’un des seuls secteurs où l’Europe est en avance sur la régulation par rapport aux États-Unis. Les faillites bancaires sont « récurrentes » aux États-Unis, notamment au regard du nombre de banques.

L’Europe a connu ce phénomène avec les petites banques Italiennes mais aussi avec les caisses d’épargne en Allemagne. Le constat a été sans appel, dans le schéma actuel, avec la globalisation, un petit bilan non surveillé, non régulé sur des outils financiers est très dangereux. Dans les secteurs, sans, ou avec très peu de régulation, où l’argent est « trop » facile, les mêmes erreurs se reproduisent sans cesse.

Comment vont réagir les banques centrales ?

Le contexte naturel de hausse des taux, met une pression sur les portefeuilles obligataires des banques. Nous faisons face aux effets d’une hausse rapide et forte des taux sur un secteur survalorisé avec énormément de capitaux. Parallèlement les taux obligataires remontent. L’US 10 ans remonte assez nettement à 3,65, le Français à presque 3. Depuis plusieurs mois les taux montent tout comme les actions. Pour ce qui concerne l’inflation, elle ralentit encore en février, comme attendu, à 6% sur un an aux États-Unis.

L’inflation est beaucoup plus sensible à la hausse qu’à la baisse, particulièrement sur le secteur alimentaire. Ce phénomène a d’ailleurs pris de court les banquiers centraux qui ont, un temps, pensé qu’elle serait davantage temporaire. Les prix de l’alimentaire ont suivi la courbe d’augmentation « classique » de 2%/an durant des années. La récente augmentation est plutôt de l’ordre de 15%. Les prix de gros agricoles ont pris 70% depuis la covid. Sans oublier l’impact lié au conflit Russie – Ukraine, deux pays qui représentent 30% des échanges céréaliers mondiaux. Le contexte n’appelle pas à l’accalmie, bien que les sujets autour de l’énergie soient plus favorables qu’il y a quelques mois.

Les taux obligataires remontent petit à petit. Les investisseurs pensent que la FED va revoir à la baisse la hausse des taux. La dynamique inflationniste est là, ce qui s’est passé sur la banque SVB est le résultat du dégonflement des 10/15 dernières années sur un sujet bien identifié, sur une région, sur un style de banque et une situation de non-régulation. Les taux sont montés très vite, l’argent n’est plus aussi « facile » pour les secteurs qui en ont bénéficié. Les taux de faillite vont augmenter en Europe du fait de la conjoncture difficile, des coûts de production qui ont augmenté, sans oublier de certains secteurs qui manquent de consommateurs.

Chez Vitalépargne, cabinet de gestion de patrimoine, notre avis est plutôt modéré sur l’évolution, à court terme, des taux. Du côté de la FED, une hausse moindre est le scénario le plus probable au regard du contexte de marché. Pour l’Europe et la BCE, la politique est davantage restrictive dans le discours. Notre système économique n’est pas si résistant et croît moins vite qu’aux États-Unis. Ces derniers ont la capacité à nettoyer leur système bien plus rapidement que nous. Il y aura donc une vraie question sur les taux en Europe. Le deuxième trimestre 2023 peut se diriger vers une stagflation.

Retrouvez régulièrement les interventions d'Igor DE MAACK, Dirigeant Associé, en charge des allocations et sélection de fonds, sur le plateau de BFM BUSINESS.