Pourquoi choisir le compte à terme dans une stratégie d'investissement à court terme ?
Le compte à terme apparaît souvent comme la meilleure solution court terme dans une stratégie d'investissement. Igor de Maack, invité sur le plateau de B SMART, donne son avis sur les CAT.
Alors qu’il y a encore quelques mois l’effet TINA (« There is no alternative ») était présent sur les marchés, le questionnement du jour se pose sur la concurrence entre les différents placements. Dans l’environnement de taux actuel, les investisseurs font face à une myriade de potentiels investissements, notamment les comptes à terme qui font leur grand retour en raison de leurs rémunérations attractives.
Les CAT rentrent-ils dans une stratégie d’investissement ?
Ce retour est la conséquence d’une politique monétaire beaucoup plus favorable, avec une huitième remontée des taux de la BCE. À noter que le taux de dépôt est à 3,5%, le taux de refinancement à 4% et la facilité de prêt marginal à 4,25%.
Les comptes à terme sont des investissements avec des taux courts et des propositions de rémunération sur 3, 6, 9, 12 ou 18 mois. En général, ils sont bloqués avec des cas de retrait anticipés contrairement aux comptes courants qui sont très libres. Avant d'ouvrir un compte à terme, il est important de se poser les trois questions suivantes : quelle est la période d'investissement ? Quel est l'objectif ? Quel est le taux de rémunération ?
Est-ce que le compte à terme est un placement à capital garanti ?
Le compte à terme n’est pas à capital garanti si la banque fait défaut ou si les montants sont au-delà de ceux garantis par la législation. En revanche, ce qui est garanti, c’est la rémunération au terme du contrat.
Le slogan « cash is king » souligne l'importance d'avoir des liquidités à investir. Par exemple, si en 1900, on avait placé 1$ :
- Dans des liquidités, on aurait aujourd’hui un peu plus de 2$.
- Dans l’obligataire, on aurait eu un peu plus de 9$
- Dans les actions, on aurait 2500-2600$.
Cela montre que les liquidités ne sont qu’un investissement court terme. L’investissement dans les actifs risqués doit se faire progressivement pour pouvoir épouser cette fameuse courbe du 1$ à 2600$.
Les clients qui investissent dans des comptes à terme financent en réalité le bilan des banques. Cela peut créer une certaine contradiction chez les épargnants français qui sont très critiques vis-à-vis des banques. Il est aussi important de prendre en compte les aspects fiscaux, puisque les comptes à terme sont soumis à une fiscalité. Si l'investisseur opte pour le prélèvement forfaitaire libératoire, il doit déduire 30% de la rémunération.
Les fonds du compte à terme sont bloqués pour une durée prévue, plus celle-ci est courte plus la rémunération est faible. Cela peut commencer à 3 voire 3,1% pour monter jusqu’à 3,8% sur 12 ou 18 mois. Si l’on casse le compte à terme une partie de la rémunération sera perdue. C’est donc un outil de court terme qui ne constitue pas une allocation optimale pour le moyen/long terme, il doit plutôt être appréhendé comme un outil d’ajustement d’une stratégie à long terme.
Est-ce qu’on constate une concurrence entre les actifs risqués, l’obligataire et les comptes à terme ?
Tout à fait, cependant, les personnes se rendent compte que les liquidités ne doivent pas attirer une prime mais plutôt une décote. Les Sicav monétaires offrent également la possibilité d'investir avec un rendement d'environ 3%. Il n'existe pas d'actif refuge à 100%. Il faut donc garder à l’esprit que chaque produit est conçu pour une période et une destination. On ne peut pas utiliser des actifs à long terme pour des besoins à court terme, et vice-versa.
Comment utiliser cet outil dans une stratégie de gestion de patrimoine ?
En fonction du profil du client qui est plus ou moins offensif, une stratégie pourra être mise en place afin que les liquidités soient davantage représentées. Cependant, dans un profil offensif, les liquidités doivent rester minoritaires contrairement à un profil qui est très adverse au risque ou avec un âge moyen élevé. De plus, les banques offrent des meilleures rémunérations lorsque les sommes investies sont importantes. Ainsi, on retrouve des seuils de 500K€ ou 1M€ qui limite l'accès à tous les investisseurs. Le compte à terme vise des montants de plusieurs dizaines et centaines de milliers d’euros.
Les personnes qui préfèrent ne pas se poser de questions sur l'investissement sont souvent attirées par cette option. L’actualité peut être angoissante, mais il est important de garder à l'esprit que la récession n’est pas encore là et que les mesures des banques centrales ont été bien intégrées. Le travail du gestionnaire de patrimoine n'est pas d'ajouter de l'anxiété, mais plutôt de présenter les produits en fonction de leur objectif et de leur durée, en tenant compte des expériences passées.
Les marchés obligataires constituent-ils aussi une certaine concurrence au marché actions ?
L’obligataire a eu une vague de fonds à échéance, il est donc important de considérer le timing, car c'est au début qu'il y a une reprise des taux d'intérêt et des spreads de crédit. Cependant, après environ deux ans, les fonds obligataires ouverts ou fermés ont un comportement similaire. De nombreuses obligations ont été incluses dans des fonds flexibles et ont des valeurs moins-values, ce qui complique leur vente aux clients. De plus, la volatilité de la valeur liquidative complexifie la comparaison avec un compte à terme. Finalement, la situation des taux d'intérêt n'est pas encore stabilisée, que ce soit à court ou à long terme, ce qui rend difficile d'investir dans la classe d'actifs obligataires en toute confiance.
Retrouvez régulièrement les interventions d'Igor DE MAACK et du cabinet de conseil en gestion de patrimoine Vitalépargne sur B SMART.