L’instant marché financier

Il existe un dieu propre à la mythologie romaine sans aucune référence aux divinités grecques en la personne de Janus. Ce dieu romain est représenté avec deux visages symbolisant le regard qui se tourne vers le passé et l’autre regard qui se tourne vers l’avenir. Dieu de la transition voire de l’ambiguïté, il porte comme attributs ceux d’un portier : un bâton et une clé.

C’est tout l’enjeu de cette période géopolitique marquée par une sorte de troisième guerre mondiale de basse intensité (en Ukraine) combinée avec une économie de la post-globalisation. C’est d’ailleurs pour cela que les risques sur la macroéconomie pèsent à ce jour. Masquées par l’expansion rapide des investissements dans l’intelligence artificielle (IA) qui poussent les bourses à leur plus haut, les contraintes tarifaires et non tarifaires du commerce mondial n’ont jamais été aussi fortes. 

Les conditions financières demeurent également fragiles pour certains ménages américains et des banques continuent de faire faillite (Zions Bancorp, Western Alliance) tout comme certaines entreprises (Tricolor, First Brands). 

La lueur pourrait toutefois venir d’un apaisement et/ou d’un accord total sur les relations économiques entre la Chine et les Etats-Unis. Janus s’avère aussi le nom du programme de nucléarisation de l’armée de terre américaine qui prévoit l’installation de microréacteurs nucléaires dans les bases américaines (une première installation est prévue en septembre 2028). Cette course à l’énergie nucléaire (civile ou militaire) est perceptible aussi en Chine. En effet, cette dernière construit aujourd’hui 33 réacteurs soit autant que dans le reste du monde (58 centrales actuellement en service). 

L’interventionnisme américain (encore tout récemment en Amérique latine avec le Venezuela et la Colombie ciblés) nécessite en effet un réarmement progressif à un coût de l’énergie abordable. 

En France, le nouveau gouvernement Lecornu II tente de trouver une voie étroite entre des mesures populaires et coûteuses (alourdissement de la fiscalité des plus aisés et suspension de la réforme des retraites) et la réalité d’un déficit toujours non maîtrisé et du poids d’une dette abyssale. Les derniers chiffres publiés d’ailleurs par Infogreffe font état d’un nombre de défaillances d’entreprises en hausse sur 2025 (+35,7% soit un record sur les dix dernières années) tout comme les redressements judiciaires (+30,7%). 

Jamais la maxime du personnage principal (le Ministre) du film de Bertrand Tavernier, Quai d’Orsay, « Responsabilité, Unité, Efficacité » n’aura été aussi pleine de sens. Les politiques français semblent avoir oublié ce triptyque constitutif d’une action politique qui produit des résultats tangibles sur les grands équilibres et audibles par les peuples qui les élisent.

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