L’instant marché financier

Welcome to the Hotel California ! chantaient en 1977 les Eagles. Les épargnants qui avaient déposé leurs fonds chez la banque californienne SVB ont malheureusement dû déchanter avec l’annonce de sa faillite.

Preuve de la gravité du problème, les autorités monétaires américaines ont mis en place des « exceptions systémiques » pour des banques qui n’en étaient pas (garantie de l’ensemble des dépôts sans limite de montant vs normalement un plafond de 250 000 $). En Suisse, l’État a ouvert une ligne de crédit de 54 milliards de CHF à Crédit Suisse avant son rachat en catastrophe par sa consœur UBS qui ne convainc toujours pas les investisseurs (mais au moins la banque est sauvée).

Comme souvent la Bourse a déjà fait une bonne partie du chemin sur ce secteur (-20% sur l’indice Euro Stoxx Bank). Il paraît difficile d’envisager un retour rapide de la sérénité d’autant que les banques centrales ont continué de monter leurs taux de référence. L’indice VIX (volatilité du marché actions) est passé d’un niveau de 19 à 26 en une semaine en mars. Il était toutefois (et il l’est toujours) en forte baisse par rapport à 2022 où il avait atteint des pics à 35 en mai, en juin et en octobre.

Les banques de la zone euro semblent immunisées par la réglementation rigoureuse issue de la crise de la zone euro. Toutefois, la crise de confiance demeure dans les esprits. Quand le calme reviendra et cela peut prendre quelques semaines/mois, les banques européennes demeureront des cibles d’investissement en raison de leur valorisation et de leur rendement net.

Sur le plan macro-économique, l’inflation alimentaire et l’assèchement du crédit (en raison notamment du stress bancaire et des niveaux élevés des taux d’intérêt) provoqueront probablement un impact négatif sur la croissance économique. En effet, la croissance des prêts aux entreprises est passée à 5,7% en février contre 6,1% le mois précédent. Simultanément, le crédit aux ménages a baissé de rythme de croissance de 3,6% à 3,2%.

L’inflation en zone euro continue d’être élevée et particulièrement l’inflation alimentaire (très palpable et visible pour les consommateurs). Cette dernière s’élève selon les catégories des produits entre 15% et 20%. Rappelons que la Russie et l’Ukraine représentaient 30% des échanges céréaliers mondiaux. Cette inflation alimentaire a même conduit le gouvernement français à repousser la fin du ticket de paiement en papier car ce dernier aide le consommateur à contrôler le prix de ses achats. La crise énergétique et le conflit en Ukraine ont abouti à une crise frumentaire (notamment pour le continent africain) et à une diminution du pouvoir d’achat en Europe qui nourrit d’ailleurs les mouvements sociaux (grèves pour les retraites).

Maud ANKAOUA écrivait dans Kilomètre Zéro : « si la peur frappe à ta porte et que tu as le courage de l’ouvrir, tu t’apercevras qu’il n’y a personne derrière ». Même si les motifs d’être angoissé sont nombreux, il faudra dompter ses peurs pour prendre les bonnes décisions sur son épargne.