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Ralentissement de l'inflation et rebond : quels enjeux pour fin 2022 ?

Igor DE MAACK, Associé et Dirigeant du cabinet de gestion de patrimoine Vitalépargne livre ses réponses sur BFM Business sur le ralentissement de l'inflation et le rebond de cette fin d'année 2022.

La fin d’année 2022 marque-t-elle un nouveau cycle prometteur sur les marchés ? 

Tout d’abord, l’intensité du rallye d’automne a été très forte. Le mois de décembre est en général peu actif, il n’y a donc pas de raisons d’avoir des mouvements très forts dans un sens comme dans l’autre.

Le CAC40 a vécu une remontée historique. Ce serait très étonnant de le voir continuer dans cette direction.

Certains investisseurs ont fait fortune ces derniers mois. L’année 2023 va différer de 2022, en effet, ce sera l’année de la désinflation. C’est un peu tôt pour voir une véritable tendance inverse mais après plusieurs mois de guerre en Ukraine, de nombreuses politiques de soutien sont venues, comme en France, amoindrir l’effet négatif des crises. Pour ces raisons, l’année 2023, d’un point de vue macroéconomique, peut être bien plus positive que 2022.

En revanche, les résultats des entreprises vont pâtir d’une microéconomie fortement impactée et impactante. Les grands thèmes vont l’emporter et devront porter la tendance des actions notamment sur certains pays, certaines zones, certains compartiments comme la France, ou encore les petites et moyennes entreprises.

Doit-on passer des ordres d’achat ou de vente au mois de décembre ?

En décembre, de manière générale, les gérants nettoient leur portefeuille, il est alors possible d’ajuster des lignes, prendre un peu de performance et de surperformance. Il est aussi possible de vendre des actions qui ont détaché des dividendes. Ce type d’ordre est à la marge. Cette période n’est pas propice à prendre de grandes décisions stratégiques, il est préférable de s’orienter vers une politique de cash plutôt que de prendre des positions.

D’un regard patrimonial, l’investisseur pour les cadeaux de Noël peut ouvrir un plan d’épargne action (PEA) à ses enfants, c’est autorisé pour les mineurs. Dans l’univers financier, une règle informelle indique qu’il faut commencer tôt et détenir 100% moins son âge en action dans son patrimoine.

À l’approche des fêtes, il est bon de rappeler les consignes fiscales notamment sur quelle somme d'argent peut-on donner en cadeau sans déclaration ?

Existe-t-il un risque de dérapage plus important de la situation économique ?

Aujourd’hui, nous constatons une petite récession voir une légère croissance mais l’environnement n’est pas stabilisé, l’inflation se résorbe difficilement dans certaines parties de l’économie, les services et le travail. Une erreur monétaire ou un nouveau choc exogène comme cette année pourrait apparaître, malgré tout il faut reconnaître l’impact significatif de la baisse des prix des matières premières, notamment sur le pétrole. Cette diminution est positive pour une économie comme celle de l’Europe, particulièrement dépendante de cette matière première.

Le pétrole a reculé, avec une baisse de 20$ approximativement en ligne droite. Aujourd’hui, il y a moins de demande puisque les économies ralentissent. Le scénario est identique avec l’électricité, les volumes diminuent du fait de l’économie d’énergie.

Quel positionnement et quelle stratégie d’allocation adopter pour l’année 2023 ?

Vitalépargne privilégie le placement actions, il faut le moduler notamment sur la proportion. Encore une fois en 2023, des secteurs vont bénéficier de la désinflation comme les secteurs cycliques et les secteurs qui ont souffert du prix des matières premières. À contrario, le secteur pétrolier va un peu se tasser puisque c’est l’un des secteurs qui a le mieux performé. Les secteurs bancaires quant à eux n’ont pas tant bénéficié de la hausse des taux d’intérêts.

Il faut toujours se positionner en partie sur l’action avec du cash, en attendant que la situation des taux d’intérêts se normalise à nouveau pour reprendre des opportunités. Les marchés financiers devraient être plus stables en 2023 en comparaison avec cette année, où ils ont été très volatils.

La surperformance des actions françaises est-elle amenée à durer l’an prochain ?

Les marchés actions sont principalement des marchés de flux. Cette année, beaucoup de sorties des fonds actions ont eu lieu, avec peu d’investisseurs domestiques qui sont revenus sur les actions françaises. Toutes les petites et moyennes capitalisations boursières qui ont été totalement délaissées ont très mal performé. Il y a globalement un contexte d’angoisse.

En mettant du positif et de l’optimisme et si les marchés actions remontent cela va drainer du volume sur les marchés. La France a l’avantage d’avoir un tissu d’entreprises de qualité avec une exposition internationale. Il y a de beaux actifs en France.

Le luxe a beaucoup aidé le CAC40 cette année, sans oublier TotalEnergies aussi comme valeur de défense. L’année prochaine ce sera peut-être l’automobile qui a énormément souffert mais qui se paye à des niveaux de valorisation extrêmement bas.

La Chine demeure-t-elle une zone d’investissement après les mesures d’assouplissement des restrictions sanitaires ?

Le momentum est plus favorable mais cela va se faire par séquences. Malheureusement, la Chine a deux grands obstacles qui sont sa démographie et le contexte de son marché immobilier. Un troisième élément au regard de sa politique, concerne les mesures qui sont de moins en moins propices à l’économie de marché au sens occidental du terme.

Cela reste toujours compliqué d’investir sur ces actions chinoises même si le MSCI China a repris aussi une quinzaine de pourcents depuis la réouverture des centres urbains. Gardons une méfiance car c’est un pays lointain qui n’a pas la même règle de transparence et de gouvernance que le nôtre. Nous apportons un œil attentif, sans jugement de valeur, sur les différences entre la Chine et la France / Europe.

 

Retrouvez régulièrement les interventions d'Igor DE MAACK et du cabinet de conseil en gestion de patrimoine Vitalépargne sur BFM Business.